Sentir son corps bouger, répondre parfaitement à chaque ordre, chaque injonction de la pensée. Goûter la sensation enivrante de chaque geste, et de leur ensemble, les percevoir s'enchaîner de plus en plus vite, répondant au plan que le mental leur dicte, en suivant chaque circonvolution, chaque courbe, chaque nuance. En épousant l’entrelacs complexe naissant dans son crâne. Savoir que chaque mouvement, chaque réponse, pouvait être aussi parfaitement accordée à force non seulement de talent mais aussi d'entraînement, un entraînement acharné, passionné, répété encore et encore, sans relâche. Savoir que chaque instant de cet entraînement forcené, qui avait été presque un plaisir en soit, avait valu la peine, avait porté ses fruits, n'était nullement perdu ni sacrifier. Virevolter dans les airs, sur le sol, comme si le monde ne faisait qu'un et n'était qu'une immense toile pour son art, une piste pour sa danse si particulière. Voir tout ce qui se trouve autour défiler, sentir tout cela bien moins important que la succession fluide des virevolter et des cabrioles.

Enchaîner les acrobaties. Libre.

Cette sensation l'enivrait, comme à chaque fois. Comment distinguer le Danseur de la Danse, disait le Poète ? Ou, en l’occurrence, l'acrobate de l'acrobatie. Le jeune homme connaissait la réponse : c'était tout bonnement impossible. Et il adorait ça. Il adorait ne faire qu'un avec son art, sentir son corps et savoir la limite de sa fatigue, de son épuisement, de sa tension. La dépasser, aller plus loin. Il pouvait sentir sa joie de vivre couler en lui, rugir dans ses veines, à flot, à torrent. Dès sa plus tendre enfance, il avait aimer faire des pirouettes, en riant généralement, même quand il ratait son cou et se faisait mal... quitte à pleurer après le rire. Il était vif et agile, très agile même. Aussi avait-ce été tout naturellement qu'il avait choisi de devenir acrobate, son travail devenant de plus en plus sérieux au fil des années qui passaient. Bien entendu, tous les enfants agiles et aimant faire de petites acrobaties ne devenaient pas acrobates professionnels, comme lui. Mais la plupart de ces enfants n'étaient pas né sur les routes, n'y avaient pas grandit, voyant leur petite famille s'agrandir et devenir une véritable troupe au fil du temps.

Alexandre plia les jambes, donna une puissante impulsion à ses pieds, sauta en arrière, fit un salto spécial et retomba sur les mains, regardant les spectateurs à l'envers. Ensuite, d'une roue finale, il revint sur ses pieds et salua gracieusement, s'attirant une salve d’applaudissements. Il y répondit par une extravagante révérence et un sourire éblouissant, faisant redoubler les applaudissements, particulièrement chez ces dames, fallait-il préciser. Il fallait bien dire aussi que le jeune acrobate était plutôt bien fait de sa personne, dans son genre. Assez grand, la silhouette mince mais néanmoins musclée jusque ce qu'il fallait par les longues heures passées à s'entraîner ainsi que par une vie entière passée sur les routes, littéralement. Ses cheveux bruns, coupés assez courts, étaient rarement coiffés, pour ne pas dire jamais, sauf peut-être quand sa mère ou sa sœur décidait de l'y forcer, ce qui n'arrivait pas souvent, car elles savaient qu'il détestait ça. Cette chevelure indisciplinée surplombait un visage aux traits assez fins, agréables à regarder mais non dépourvu de force, de volonté et de charme, l'ensemble formant comme un écrin pour son regard très bleu, aux nuances océaniques, pétillant souvent de joie et tout simplement magnifiques.

Souriant toujours, comme il adorait le faire, toujours plein de joie de vivre qu'il était, il quitta le champ de vision de leur public en faisant la roue, passant derrière les chariots pour laisser la place à son père, qui venait finir la représentation sur une note plus calme et digne avec ses histoires. Son arrivée acrobatique au près des siens, réunis dans l'espace derrière le véhicule, lui valu un commentaire taquin de la part de Loraline, sa sœur jumelle, remarque à laquelle il répondit du tac au tac, habitué à ses taquineries. Loraline était la seule du groupe qui fut sa sœur de sang, et c'était d'elle qu'il était le plus proche, en partie parce qu'elle était près de lui depuis toujours. Les deux autres jeunes gens, Jules et Moyra, avaient rejoint leur petite groupe par la suite, et Maria, la mère des jumeaux, les avaient adoptés comme ses propres enfants. En les contemplant ainsi, tous réunis, sa bavarde jumelle, qu'il adorait, sa mère, qu'il chérissait au même titre que son père, et les deux jeunes gens silencieux qui les avaient rejoint, il réalisa qu'il les aimaient tous. Tous les quatre, et Cédric dont la voix s'élevait maintenant de l'autre côté de la charrette.

Encore tout jeune quand Jules était arrivé, le doux garçon aux yeux bleus qu'il était alors avait tout de suite accepté ce grand frère taciturne mais qui jouait si bien du luth quand il était décidé à le faire. Pour Moyra, les choses avaient été plus difficile. Cette jeune femme accompagné de son loup attisait sa méfiance, même si les autres l'avaient adopté spontanément. Il fallait bien dire qu'il était souvent méfiant avec les étrangers, malgré son caractère rieur et farceur le reste du temps, et qu'il avait tendance à toujours vouloir défendre sa famille, trait de caractère hérité de son père, sauf qu'il avait parfois tendance à en faire trop. Les choses s'étaient arrangées quand, six mois après que celle qu'il considérait maintenant comme une seconde sœur en son cœur ait rejoint leur groupe, quand il avait été attaqué par un hors-la-loi... et sauvé par le compagnon animal de Moyra. Il les avaient tous les deux regardés d'un œil neuf et, peu à peu, il avait fini par les accepter et par apprendre à aimer la jeune femme peu bavarde. Ils faisaient dans un certain sens, Jules et elle, contrepoint à Loraline et lui, qui étaient loin d'être avares en paroles.

Comme pour illustrer ces pensées, sa jumelle commença à le questionner sur sa représentation, et ils engagèrent une des longues conversations émaillées de taquineries et de petites piques fraternelles qui étaient les leurs, sous l’œil amusé de leur mère...

Gilouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!!

bon courage pour la fin de ta fiche

Oh mais je le connais lui, ce me semble ! (à voir la réaction de Kia, je dirais que je ne me trompe pas...)

Welcome !

Et comme t'es mon frère, c'est-trop-la-classe

Merci de l'acceuil, très chères soeurs ^^

Fiche finie je crois, j'espère que ça vous ira

Frangin je te valide !

Félicitations !!

Prépare-toi à une lutte de longue haleine, frère

Merciiiiiiiiiii soeurrette